mardi 11 septembre 2012

Le maitre de thé

INOUE Yasushi

Présentation de l'éditeur
Non, Monsieur Rikyu (1522-1591), Grand Maître de thé issu du bouddhisme zen, n'est pas mort dans son lit ! Il s'est fait hara-kiri à l'âge de 69 ans. Pourquoi s'est-il donné la mort ? Un vieux moine, son disciple, tente d'élucider le mystère de ce suicide.
Ce livre-enquête nous projette dans le Japon de la fin du xvie et du début du xviie siècle. A cette époque, la cérémonie du thé était un acte grave, un rituel qui témoignait d'un engagement redoutable, empreint d'exigences éthiques et politiques, prétexte parfois à des négociations secrètes.
Le Maître de thé est donc tout naturellement un roman d'initiation, de méditation, lyrique et sensuel à la fois. A travers la figure historique de Rikyu, Yasushi Inoué (1907-1991) dresse le portrait d'une génération hantée par la mort. Etrange de penser qu'il a écrit là son dernier récit et sans doute son chef-d'oeuvre, publié en 1991, l'année même de sa disparition !

Avis

En 1591, alors que le Japon sort de plus d'un siècle de luttes entre les grands seigneurs féodaux, Rikyu, maître de la cérémonie du thé attaché au Taïko Toyotomi Hideyoshi, le gouverneur du pays, a reçu de ce dernier l'ordre de se suicider. Il obéit et, comme le veut la règle, se fait hara-kiri. Pendant les trente années qui suivent cette mort, le moine Honkakubo, disciple du maître, s'interroge : pourquoi Rikyu n'a-t-il pas demandé à Hideyoshi un pardon qu'il aurait sans doute obtenu ? Dans le journal qu'il tient de temps à autre, le vieil homme évoque ainsi ses quelques rencontres avec de grands maîtres de la cérémonie du thé, tour à tour protégés et rejetés par le pouvoir. Il se souvient des jours passés auprès de Rikyu et continue de lui parler par-delà la mort. C'est dans un long entretien imaginaire avec son maître qu'il découvre la clé de l'énigme.
Toute la philosophie nippone, sur la mort, la cérémonie du thé, les liens entre maître et disciple, apparait dans ce court livre. C'est parfois difficile pour un esprit occidental mais j'ai été charmé par la beauté du style. C'est zen, très lent, esthétique et poétique mais pas ennuyeux. La cérémonie du thé est une philosophie de vie qui lie toute un destin. Les sentiments sont intenses, masqués sous le vernis des conventions. Ce qui m'a semble très déconcertant, ce sont les discours et les actions à double sens de la sphère politique nippone du Taigo: Inoue sait parfaitement les décrire et les expliquer mais peu de choses sont explicitement dites, tout est suggéré.
Moi, qui adore le thé, j'ai découvert une nouvelle vision de cette boisson des dieux, qui peut être considérer comme une fin en soi!!! Sa place dans la tradition nippone prend tout son sens à travers ce livre.


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